Par Patrice Valantin

Ecouter l’épisode en podcast

Pourquoi parler de révolution aujourd’hui ? Pourquoi dire que nous devons partir à l’assaut… et surtout, pourquoi ajouter aussitôt : « vive la Vie » ?

Parce que nous vivons un moment décisif.
Jamais l’humanité n’a disposé d’autant de moyens, de technologies, de richesses accumulées. Et pourtant, jamais nous n’avons été aussi proches de basculer dans une crise, peut-être écologique, mais surtout sociale et spirituelle majeure. Les faits sont devant nous : déséquilibre des écosystèmes, pollutions multiples, désertification des sols, perte accélérée de biodiversité, famines, migrations massives, montée des conflits et du terrorisme.

Toutes ces crises ne sont pas des fatalités. Elles sont le fruit d’un combat silencieux mais implacable que nous menons, depuis des décennies, contre la Vie elle-même. Oui, vous avez bien entendu : contre la Vie.

Une guerre contre les systèmes vivants

La société moderne, bâtie sur l’idéologie de l’individualisme, a déclaré la guerre à la biosphère.
Le dogme économique considère la biosphère et les systèmes vivants comme une simple réserve de ressources, comme un entrepôt à ciel ouvert, totalement gratuit. Et pour satisfaire nos désirs immédiats, nos pulsions, nos égoïsmes, nos individualismes, nous épuisons ce capital commun.

Notre adversaire n’est pas l’humain moderne en lui-même, ni telle ou telle entreprise, ni un système capitaliste ou collectiviste, pas même nos dirigeants et nos élites économiques ou politiques. Non. L’ennemi, c’est une idéologie. Une idéologie vieille de quelques siècles seulement, mais qui s’est imposée partout : l’idée que la finalité de chaque personne, de chaque organisation, serait la maximisation de son intérêt personnel. C’est le principe du dogme économique actuel.

C’est cette idéologie qui a transformé l’économie en une machine à profits financiers, sans autre horizon que la compétition permanente. Comme si la cupidité pouvait être le moteur du progrès.

Résultat ? Une économie qui accumule des richesses matérielles mais détruit les équilibres du vivant, et avec eux, les conditions de notre prospérité.

L’heure du choix

Nous sommes aujourd’hui à l’heure du choix.
Et c’est une chance extraordinaire. Car ce moment, aussi rude soit-il, est aussi plein d’espérance.

Nous avons la possibilité de reconquérir notre liberté, de retrouver la paix intérieure et la joie collective, en renouant avec ce qui nous fonde depuis toujours : les systèmes vivants.

Mais attention : une telle bataille ne peut pas se gagner avec de simples discours, avec des intentions ou des petites bonnes pratiques qui servent juste à soulager nos consciences.
Non. Ce que nous construisons, c’est d’une stratégie claire, un plan d’action qui s’appuie sur la force la plus puissante qui existe : la Vie elle-même.

La révolution que nous appelons n’est pas une révolte. Ce n’est pas un cri de colère, ce n’est pas un slogan de plus.
C’est un élan vital.
Un mouvement de construction.
Un assaut joyeux, parce qu’il ouvre un chemin d’espérance.

Un ennemi intérieur

Soyons lucides : l’ennemi n’est pas seulement extérieur. Il est avant tout en nous.
Chaque fois que nous choisissons le confort plutôt que l’effort, l’indifférence plutôt que la responsabilité, la peur plutôt que le courage, nous donnons de la force à ce système qui détruit la Vie.

La révolution commence donc à l’intérieur de chacun.
Elle commence par un combat intime : apprendre à déjouer notre propre égoïsme, à reconnaître notre dépendance aux autres, à accepter que nous ne sommes pas des individus isolés mais des êtres vivants reliés.

C’est une révolution anthropologique. Elle demande de changer notre regard sur nous-mêmes, sur les autres et sur la Terre.

La Vie comme alliée

Mais nous ne sommes pas seuls. Nous avons la plus grande alliée qui soit : la Vie.
Depuis quatre milliards d’années, la Vie a traversé toutes les crises, toutes les catastrophes. Elle a su s’adapter, se renouveler, inventer sans cesse. Et toujours, elle a suivi les mêmes principes :

  • la diversité, comme moteur de créativité et de résilience,
  • la coopération, comme loi fondamentale de survie,
  • le partage et la relation, comme sources de croissance véritable.

Ces principes, nous allons les réapprendre. Nous allons les faire nôtres, non pas en imitant naïvement la nature, mais en nous inspirant de son intelligence profonde.

La Vie est notre manuel d’action. Elle est notre plan stratégique. Elle est la preuve que l’avenir est possible.

Vers une économie vivante

Cela veut dire que nous allons transformer notre économie.
L’économie financière, centrée sur le profit, est une déviance récente. Elle nous a conduits dans l’impasse.
Mais l’économie vivante, elle, existe depuis toujours. Elle est née avec la première révolution agricole du Néolithique, quand les communautés humaines ont appris à co-créer avec les écosystèmes.

L’économie vivante, c’est la co-création de valeur avec les systèmes vivants. C’est la recherche du Bien à travers l’échange et le service. C’est la juste répartition de ce qui est produit.

Et surtout, c’est une économie qui reconnaît que l’homme ne crée jamais seul.
Il crée en relation avec les autres humains, mais aussi avec le sol, avec l’eau, avec les forêts, avec les pollinisateurs, avec tout ce tissu vivant qui rend possible la vie humaine.

Une révolution joyeuse

Alors oui, c’est bien une révolution que nous appelons. Mais pas une révolution violente.
Une révolution joyeuse.
Un mouvement qui ne détruit pas, mais qui régénère.
Un mouvement qui ne divise pas, mais qui rassemble.
Un mouvement qui n’alimente pas la peur, mais qui cultive la confiance.

Soyons clairs : ce chemin ne sera pas facile. Il demandera des efforts, des choix courageux, des renoncements parfois.
Mais il apporte aussi une immense richesse : la paix intérieure, la fierté de contribuer au bien commun, la joie d’agir ensemble.

Nous allons sans doute prendre des coups. Mais ce n’est pas grave. Parce que nous savons que cette mission est sacrée. Elle en vaut la peine.

Œtopia : une utopie réaliste

C’est ce que propose Œtopia.
Une utopie, oui. Mais une utopie réaliste. Parce qu’elle ne rêve pas d’un monde imaginaire. Elle s’appuie sur les principes du vivant, qui ont fait leurs preuves depuis des milliards d’années.

Œtopia, c’est une école des systèmes vivants. Un lieu où l’on apprend à réintégrer nos sociétés dans les cycles de la Vie. Un espace pour expérimenter des modèles économiques, sociaux et culturels compatibles avec le vivant.

C’est une invitation à redevenir des êtres vivants à part entière, conscients de notre place dans le tissu de la vie, et capables de bâtir des territoires équilibrés, résilients, heureux.

L’assaut commence ici

Alors, pourquoi une révolution ?
Parce que l’ancien monde s’effondre. Parce que les logiques de cupidité et de compétition ne tiennent plus. Parce que l’inaction coûtera infiniment plus cher que le changement.

Mais surtout, parce que nous avons entre nos mains une chance historique. Celle de bâtir une société fondée sur la diversité, la coopération, la dignité et le bien commun.

Cette révolution est déjà en marche. Partout, des hommes et des femmes expérimentent des solutions nouvelles : dans l’agriculture, dans l’éducation, dans l’entreprise, dans la culture. Ils ouvrent des brèches dans le vieux système. À nous de les rejoindre, de relier nos initiatives, de fédérer nos forces.

Oui, nous partons à l’assaut. Mais pas contre des ennemis à abattre.
Nous partons à l’assaut de la peur, du découragement, de l’égoïsme.
Nous partons à l’assaut pour libérer nos énergies vitales, pour redonner sens et joie à nos vies.
Nous partons à l’assaut et… vive la Vie !

Tags:

Comments are closed